jeudi 7 janvier 2010

La Horde: les bad-asses en folie


Fût un temps où le cinéma de genre signifiait réellement quelque chose. Subversif et engagé, sa mission secrète était avant tout de faire passer en contrebande des idées modernes et progressistes contre la pensée unique d'un establishment figé. Aujourd'hui, la donne a largement changé, puisque c'est exactement l'inverse, du moins en France, qui est en train de se produire. Avec La Horde, Benjamin Rocher et Yannick Dahan (qui n'a pourtant pas sa langue dans sa poche quand il parle du cinéma des autres, cf. opération frisson son émission crypto-geek sur la chaîne ciné cinéma) viennent d'en faire la triste preuve. Ne vous meprennez pas, Dieu et Satan réunis savent à quel point j'ai de l'estime pour les bisseux en général et ceux de Mad Movies en particulier; malgré leurs analyses parfois premier degré, leur côté potache a l'avantage de divertir, mais là, pondre à 8 mains un script qui tient sur un post-it, c'est incompréhensible. Des acteurs largués qui en font des caisses pour tenter d'être crédible en badasses burnés et qui n'ont d'ailleurs de burné que le maigre vocabulaire qui ponctue le scénar'( à l'instar du Mother Fucker chez QT, ce sont ici les mots couilles et fiiils de pûûûte qui font office de virgules), tout ici est raté. Que le B voir le Z soit une source d'inspiration du quatuor de scénariste, c'est plutôt bon signe mais que les 3/4 quarts des répliques soient des resucée des pires lignes de Nanarland.com, il y a des limites. Car si le scénario n'a, mais alors, absolument aucun intérêt (on a l'impression d'avoir vu le film mille fois, les intrigues secondaires sont insipides et quasi inexistantes, le tempo d'un rare ennui), la mise en scène et la D.A quant à elles, relativement maîtrisés malgré certains mate paintings d'une laideur crasse (le ciel mon dieu !), n'amènent strictement rien de neuf et ne decevra certainement pas ceux qui voient en Braquo une oeuvre originale et moderne(sic). Ni ôde au genre qu'elle exploite, ni relecture augmenté, cette horde n'est qu'un ersatz qui emprunte au genre son actuelle et unique vélléité mercantile. Pour preuve, l'utilisation (ici le mot est des plus justifié) du jeune renoi racailleu de banlieue, devenu aujourd'hui le mètre étalon du genre (Sheitan, à l'intérieur et plus récemment dans le nullissime Frontières (ah le genre en France!)) à l'instar du Nerd dans les teen movies de feu John Hugues, est ici utilisé non pas pour délivrer un quelconque constat social mais avant tout pour fidéliser un hypothétique coeur de cible gros consommateurs de pop corn et de bandes décérébrés. Tout le temps cadré en gros plans, les antihéros manichéens ( ici les blacks et les gitans sont les méchants; les blancs, les shérifs ripoux) ne sortent jamais de l'étau qui leur est imparti.
Alors ça et là, les maigres références apparaissent: Ici, un clin d'oeil appuyé à irréversible où les réals rendent à Prestia la monnaie de sa pièce; là un plot qui renvoie directement à l'incontournable Assault on precinct 13, mais rien de suffisant à faire oublier la vacuité du projet. Dés le départ, le casting faisait froid dans le dos. Prestia caution har'core (à prononcer comme dans le film) inévitable, Claude Perron décidemment de pire en pire, Eriq Ebouaney j'ai un regard qui tue et je vous le refourgue pendant 1h30 parceque je sais que ça marche et que je ressemble à Samuel L.Jackson est affligeant, jusqu'à Aurélien Recoing (faut en vouloir pour le faire jouer faux, ben non, voilà, c'est fait) pas de doute on est bien dans du sous (c'est dire!) Olivier Marchal. Un ratage qu'on aurait voulu ne jamais exister tant l'attente et l'espoir étaient grand. Quand je pense que des internautes ont payé de leurs poches pour financer une partie du projet, ça fait réver!

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