vendredi 15 janvier 2010

AMER. Premier grand film de l'année et grand premier film tout court.


Giallo expérimental Belgo-français (c’est important!), Amer, premier long du couple Cattet & Forzani a tout du film sensationnel. Sensationnel au sens premier du terme, où la sensation est au une des clés narrative. Divisé en 3 actes temporellement distinct, la peur enfantine, le désir adolescent et le fantasme (sexuel et sado masochiste avant tout) de l’âge adulte, le film reprend les codes du cinéma transgressif italien des années 60 et 70 pour mieux les transcender. Le fétichisme et la sexualité étant logiquement au centre du récit, le métrage pourrait s’apparenter à une compilation érudite de toutes les séquences déviantes et barrées du cinéma susnommé. Le résultat est un objet unique, déchiré et distordu, d’une rare beauté. Bien que peu bavard (trois dialogues en tout et pour tout), le film cite à tout bout de champs: Noé, De Palma, Argento, Nakata, Anger, Bunuel, Pradal (et son magnifique premier film Marie baie des anges), Bava, Grandrieux, Bénazeraf … Amer est un film hommage qui a le bon goût de ne jamais sombrer dans le pastiche ou la redite. Bien sûr, comme dans tout premier film, les pêchés d’orgueil abondent : Le sur mixage permanent peut passablement agacer, tout comme la stigmatisation des symboles à outrance mais ces détails sont finalement si insignifiant à coté du plaisir que procure ce premier film. Plaisir de voir un film atypique naître, un film fait marginalement et qui ne fait justement que crier son amour à la marge, un film qui respire l’envie et la foi en un cinéma exigeant, du style et de la recherche. L'entreprise est suffisamment rare pour qu’on la souligne, trois fois. Alors merci pour cette preuve d’amour ultime, merci de nous faire croire encore à une alternative possible dans la production hexagonale et merci à François Cognard, héros de mon enfance starfixienne, et à son goût toujours certain.

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