vendredi 15 avril 2011

Play a song for me

Dans un village perdu au fin fond du brésil, Tambourine Man, 16 ans, trompe son ennui grâce à son blog et à son amour pour la poésie. Fan absolu de Bob Dylan, il rêve en secret de la fille qui poste jours après jours ses vidéos sur son site. Mais bientôt le retour au village d’un sombre inconnu va raviver des souffrances que beaucoup tentaient d’oublier. Mystérieux et introspectif, le premier film du jeune Esmir Filho (26 ans) est certainement l’un des plus beaux exemples de cinéma 2.0. Avec un dispositif proche de l’art contemporain, le réalisateur brésilien nous fait avancer à tâtons le long d’un couloir brumeux où morts et vivants, réel et virtuel, technologie et ruralité se télescopent à l’envie pour définir l’univers mental d’un adolescent d’aujourd’hui. Déclinant le web et son monde virtuel comme autant de motifs mystiques, le cinéaste, sous de faux airs contemplatifs touche au fantastique le plus absolu et réalise le meilleur film de fantômes depuis bien longtemps.

PLAY A SONG FOR ME : BANDE-ANNONCE VOST di baryla

La solitude des nombres premiers

Dès l’ouverture, le constat est sans appel. L’Italie a enfin retrouvé un auteur digne de revitaliser un cinéma aujourd’hui laissé en friche. À cheval sur quatre époques, cette « solitude » suit, de 1984 à nos jours, le destin de deux égarés amenés à se croiser inlassablement. Rappelant par plusieurs aspects « les amants du cercle polaire » de l’espagnol Julio Médem, ce récit, toujours trouble grâce à son angoisse sous jacente nous mène par le bout du nez sans jamais ménager sa tension. Adapté du best seller éponyme de Paolo Giordano, le film ne se résume pas à son intrigue, mais parvient avant tout à révéler un style et donc un auteur fulgurant. Ici le message est clair, l’enfance définit irrémédiablement l’humain jusqu’au moment où il parvient enfin à en faire son deuil et s’accepter en tant que tel. Une œuvre âpre et intense à découvrir de toute urgence.

La Ballade de l'Impossible (Norwegian Wood)

Révélé durant les années 90 avec « L’Odeur de la papaye verte » et « Cyclo », Tran Ahn Hung, réalisateur franco-vietnamien discret et exigeant a durant près de vingt ans aiguisé son style. Arrivé aujourd’hui à une maîtrise totale de son art, il délivre avec cette « ballade » un film visuellement époustouflant où la sensation est à chaque plan présente. De la photo de Mark Lee Ping-Bin (In the mood for love) à la musique de Jonny Greenwood (Radiohead), tout dans ce voyage confine au sublime. Adapté du roman d’Haruki Murakami, le film met en scène l’éclosion du désir de jeunes adultes sur fond de révolution culturelle au Japon. Watanabe, étudiant fraîchement débarqué à Tokyo retrouve Naoko qu’il n’avait pas revu depuis le suicide de leur ami commun Kizuki. Ils deviennent à leur tour amants mais Naoko souffre de plus en plus du deuil alors que Watanabe, fou amoureux se résigne à tomber dans d’autres bras. Emprunt de nostalgie sixties et faisant la part belle au non dit et à la contemplation, ce film d’une beauté rare pourra néanmoins paraître un peu longuet aux moins habitués.