dimanche 20 mars 2011

Road To Nowhere

À une époque où le cinéma rime plus que jamais avec divertissement, il reste ça et là certains francs tireurs qui, films après films, tente d’aborder leur art tout en conservant les fondamentaux de cette pratique : Enrichir le médium, proposer des solutions de traverse, redéfinir sa forme en pensant sa fonction même. Monte Hellman, cinéaste génial et maudit, fait parti de ceux là. Auteur du mythique the Shooting et du cultissime Macadam à deux voies, il revient aux affaires en grandes pompes avec ce qui est sans nul doute LE chef d’œuvre de l’année. Récompensé par un Lion d’Or d'honneur à la dernière Mostra de Venise, ce Road to nowhere dépeins les égarements d’un réalisateur aux prises avec son sujet, son actrice et le fait divers dont il s’inspire. Mélangeant réalité et fiction, film noir et cinéma expérimental, mise en abyme et polar, le cinéaste apporte à bientôt 80 ans la vitalité qui manquait désespérément au 7ème art. Entièrement réalisé avec un appareil photo numérique, le film marque non seulement le renouveau d’un auteur trop souvent oublié mais prouve également que cinéma exigeant ne rime pas forcément avec lancinant. À noter également pour tous les amoureux du cinéaste la sortie de « Sympathy for the devil », livre d’entretien passionnant qui permet de comprendre au mieux l’œuvre de ce grand monsieur.

Essential Killing

Ovni cinématographiquement intransigeant aussi politique que poétique, Essential Killing est un film rare, tranchant, indispensable. En plus d’avoir gagné le prix spécial et le prix d’interprétation masculine pour Vincent Gallo à Venise, le film marque également le grand retour de Jerzy Skolimowski derrière la caméra. En effet, le cinéaste polonais qui a fait ses classes aux côtés de Polanski dans la prestigieuse école de Lodz avait délaissé les plateaux pour la peinture et la poésie. Il revient aujourd’hui toujours hanté par la guerre et ses atrocités. Essential killing met en scène la fuite d’un taliban aux abois, traqué par une milice américaine. Ici le constat est clair, pour Skolimowski, la guerre réduit l’être humain à un animal sanguinaire. Film contemplatif quasi muet, Essential Killing ne sombre pour autant jamais dans le lénifiant et permet grâce à la maîtrise stylistique de son auteur de s’interroger sur la portée philosophique de la parabole ici délivrée. Une oeuvre totale à ne surtout pas rater.