samedi 22 janvier 2011

Au-Delà

Films après films , papy clint ne cesse de s’interroger sur ses propres démons. Après la vieillesse et fatalement la mort dans l’immense Gran Torino, il revient relativement rassereiné en exorcisant ses angoisses grâce à ce film choral pour le moins inégal. Si le segment américain est de bonne facture, avec de réels moments de bravoure (la séduction culinaire par Brice Dallas Howard), l’anglais touchant, malgré un flirt légèrement forcé avec le pathos socio-réaliste d’un Mike Leigh, la partie française est quand à elle absolument désespérante, prouvant qu’il ne suffit pas d’un bon metteur en scène pour faire jouer droit des comédiens (ennes en l'occurence) qui n’ont malheureusement pas la carrure de leurs homologues étrangers. Alors que la critique établie s’est empressé de dézinguer le "nouveau Eastwood", il reste tout de même un point majeur qu’elle n’a pas su relever. Car si les fantômes planent tout au long du film, c’est bien l’ombre de Dickens qui survole totalement le projet. Relecture des « Grandes espérances » et d' « Oliver Twist », « Au-delà » est un grand mélodrame classique qui comme tout film de ce calibre touche tour à tour au poignant utant qu'au ridicule. Un film qui sera inévitablement réhabilité dans quelques années, une fois que le grand Clint aura rejoint David Lean.

TRUE GRIT

Comme chaque année ou presque le nouveau film des frères Cohen est attendu de pied ferme par une critique aux aguets. Après « No Country for old men », chef d’œuvre absolu des deux frangins, « True Grit » utilise à nouveau les grands espaces Américain pour un western, en surface, moins contemporain. Odyssée crépusculaire et récit initiatique à l’envers, « True Grit » est à première vue un grand film classique. En prenant naturellement le parti d’adapter leur ironie à une mise en scène plus académique d’aspect, ils livrent, à l’instar du « Gangs of New-York » de Scorsese , un film somme sur la naissance d’une nation. Et logiquement, c’est tout l’esprit du pays qui est ici raconté, pointé du doigt, raillé. Alors si effectivement le film n’est pas leur chef d’œuvre incontesté, il reste malgré tout une excellente cuvée.

127 HOURS

Depuis toujours Danny Boyle divise. Styliste adolescent pétri de bons sentiments souvent niais, il ne réussit effectivement jamais à présenter autre chose que des produits calibrés, plus ou moins douloureux à regarder. Cette nouvelle livraison n’échappe malheureusement pas à la règle. Version MTV 90’s du très beau « Into the wild », « 127 heures », sous couvert d’histoire vraie, distille à grand renfort d’effets surannés une réflexion éculée sur le sens de la vie. Abonné depuis « Slumdog Millionaire » aux caméras légères, Boyle parie sur les flash-back mielleux pour étayer ce huis clos forcé et ne peut s’empêcher un montage cut qui agace et finit par lasser. Idem pour la BO, qui re-calque ad vitam la recette « Trainspotting » depuis longtemps dépassée. On peut aisément attendre le dvd…

BLACK SWAN

Depuis la claque « Requiem for a dream », chaque nouveau film de Darren Aronofsky est attendu avec ferveur par ses nombreux fans. Avec « The Wrestler », il avait réussi à agrandir de manière significative son cercle d’adorateur et il faut bien l’avouer, ce n’est pas avec « Black Swan » que la folie va s’arrêter. Ce nouveau film, né de la frustration de n’avoir pu réaliser à temps le remake live de « Perfect Blue », est, disons le clairement, le premier chef d’œuvre de l’année. Recyclant tout ce qui a imprimé sa rétine cinéphilique durant des années, Aronofsky transcende ses influences pour livrer une vision noire et obsédante de la dévotion artistique. Citant « le locataire », « the Red shoes », « Opening Night » ou même « Suspiria », ce ciné-fils va bien au-delà de la référence pour créer une œuvre unique, baroque et schizophrène aux allures de trip hallucinée. Un film majeur qui vient d’offrir à la sublime Natalie Portman un golden globe plus que mérité avant, c’est obligé, de recevoir une pluie de petites statuettes dorées. À ne surtout pas rater.